Interview d’Isabelle Le Mignon, réalisée par Généalogiste de France :
◾ Quelles sont les qualités indispensables d’un généalogiste successoral ?
Identifier puis localiser des #héritiers est un travail de fourmi qui exige du chercheur d’être rigoureux, pugnace et méticuleux. Il faut aussi avoir une bonne dose de curiosité et d’astuce ! L’image du généalogiste qui ne lève pas le nez de son grimoire est dépassée. Nous remontons le temps, bousculons les mémoires, touchons à l’intimité des familles et à leurs secrets. Le tact, l’empathie, la capacité d’écoute s’avèrent donc également nécessaires.
◾ Quelles sources utilisez-vous dans le cadre de vos recherches ?
L’état civil est la source reine, jalonnant notre enquête d’un bout à l’autre mais nous recourons à des documents très variés : les plus habituels sont de nature fiscale, militaire, électorale, judiciaire…
Quant aux témoignages, ils sont devenus primordiaux pour orienter nos recherches ou en conforter le résultat. Les parcours de vie actuels sont bien moins classiques qu’il y a un siècle. Nos enquêtes ne peuvent donc désormais être menées à leur terme qu’en interrogeant longuement les familles. Il faut savoir croiser les informations, recouper les indices sans pour autant être trop intrusifs. L’équilibre est délicat. On observe néanmoins fréquemment, même si cela continue toujours à me surprendre un peu, que l’intervention du généalogiste peut libérer la parole sur des pans entiers d’une histoire familiale tenue jusque-là sous silence…
◾ Comment envisagez-vous votre métier dans l’avenir ?
Nous retraçons souvent l’histoire d’une famille sur quatre générations et nous adaptons donc en permanence nos méthodes aux époques, aux lieux, aux mœurs. Le schéma de la cellule familiale, recomposée, a évolué. Le cadre du mariage est délaissé. Les patronymes sont mouvants. La mobilité des populations s’est accrue. Les défis à relever n’en sont que plus nombreux !
L’internationalisation de nos dossiers s’accentuant, l’horizon des recherches ne cesse de s’élargir. Je suis pour ma part en charge, depuis mon arrivée à l’Etude il y a 17 ans, notamment des successions dans lesquelles les défunts sont issus de l’immigration italienne. Cela occupe environ les 2/3 de mon temps. A la veille de la Première Guerre mondiale, les Italiens représentaient la première nationalité étrangère en France. Les déplacements transalpins sont donc nombreux aujourd’hui pour un généalogiste (avant la pandémie, j’y passais environ une semaine par mois), tout comme ceux qui nous mènent en Espagne, au Portugal, en Pologne… A l’avenir, il est fort probable que nos recherches nous porteront très fréquemment vers des destinations autres et plus lointaines, telles que le Maghreb ou la Chine. Mieux vaut donc avoir une âme de globe-trotter !